Docteur Kadoch

Gynécologue Accoucheur à Paris.

Chirurgien, Obstétricien.

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Dans la peau de mon gynéco, suite...

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Paru dans le Figaro du 25.03.2009, par Sandra de Vivies

Lefigaro.fr/madame. – Pourquoi avez-vous choisi de vous occuper des femmes ?

Olivier Kadoch. - À travers cette spécialité, on touche à plusieurs aspects essentiels de la société : la sexualité, la naissance, le handicap, la maladie, la vie, la mort. Les femmes enceintes présentent aussi des attentes particulièrement fortes, d'où un contact très privilégié, une affection partagée.

Notre société a beaucoup changé depuis que vous avez commencé à exercer…

J'ai commencé avec des dogmes, des mandarins qui distillaient le savoir. Aujourd'hui, l'info, et parfois l'intox, de docteur Google peuvent s'avérer anxiogènes. Le médecin se doit donc d'être plus performant, plus à l'écoute que jamais. Autrefois, les structures familiales (la mère, la tante…) étaient aussi plus présentes, les femmes moins isolées face à la maternité. Le praticien peut aujourd'hui être conduit à combler ce manque.

Gynéco et homme, n'est-ce pas parfois inconfortable ?

Le médecin a évidemment démystifié cet organe, cette intimité, pour n'en faire qu'une partie médicale. Mais on sait que dans la tête des patientes, si le gynécologue est un homme ou une femme, ce n'est pas forcément pareil. Le contact peut s'avérer plus difficile à établir car subsiste cette idée qu'une femme est davantage apte à comprendre une semblable. Certaines patientes peuvent aussi, par pudeur, redouter de se dévoiler à un homme. Mais le rituel de la consultation (par exemple, le fait de rester à l'écart pendant qu'elles se déshabillent) est là pour les mettre à l'aise.

« La sexologie fait partie intégrante de la gynécologie »

Subsiste donc un rapport homme-femme malgré le contexte médical…

Cela dépend des femmes. J'apprends à le ressentir et à m'adapter. Et puis, être un homme peut aussi présenter un atout ! Il arrive que des patientes viennent chercher les conseils d'un homme, qu'elles m'interpellent en se disant : « Tiens lui, il a à peu près l'âge de mon mari, qu'est-ce qu'il pense de ceci ou de cela ? » Tout en restant dans la neutralité, on peut parfois donner certaines informations… La sexologie fait partie intégrante de la gynécologie.

L'État envisage pourtant de réserver le recours aux gynécologues à la grossesse, le suivi courant des femmes échouant aux généralistes… Qu'en pensez-vous ?

Un généraliste est techniquement capable de prescrire une pilule ou de procéder à un frottis. Mais je pense que l'on oublie ici l'essentiel : l'écoute, la prise en charge psychologique, celle des problèmes hormonaux, du désir de grossesse… Cela demande du temps, de l'expérience. Et pose quand même la question des compétences : on n'apprend pas la même chose en six mois de module qu'en quatre années de spécialisation.

En août dernier, un décret ministériel a conféré le droit à un fœtus de 16 à 22 semaines, né sans vie, de bénéficier d'un état civil. Pourquoi est-ce si important de pouvoir nommer un enfant qui ne vivra pas ?

Ce n'est pas parce que l'enfant est mort qu'il n'a pas existé. Lorsqu'un fœtus meurt in utero, on procède à un accouchement normal, en salle de travail. C'est si important de faire vivre cette expérience à la patiente comme une mère, même s'il y a une ambiguïté autour de la délivrance. Cette femme doit pouvoir identifier, authentifier sa maternité, ne serait-ce que pour en réduire la part fantasmatique. Déclarer l'enfant à l'état civil constitue l'ultime étape de ce processus d'identification. Il permet de commencer le deuil périnatal et d'éviter que le prochain bébé soit un enfant de substitution.

« Dans ce métier, on partage des tranches de vie »

Parfois, le choix des parents, c'est de ne pas garder l'enfant. Le plan « avortement en ville », adopté en 2001, a facilité l'accès à l'I. V. G. Mais présente aussi des inconvénients, parmi lesquels la douleur. Quelle est votre analyse ?

Avant, pour avorter, il fallait obligatoirement voir un psychologue et être hospitalisée. Aujourd'hui, la procédure est plus légère : on prescrit des médicaments qui déclenchent une fausse couche. Pour la douleur, on propose des antalgiques. C'est bien, à condition que la patiente soit entourée et qu'elle l'assume. Car elle est aussi beaucoup plus active et consciente qu'avant, quand elle demandait à un tiers d'intervenir et bénéficiait du black-out de l'anesthésie.

En janvier, une Anglaise, dont trois femmes de la famille du mari avaient déclaré un cancer du sein, a procédé à une sorte de tri génétique pour éviter ce risque à sa fille, relançant le débat sur l'eugénisme. En tant que médecin, auriez-vous souscrit à une telle demande ?

Dans les pays anglo-saxons, c'est le droit individuel qui prévaut, tandis qu'en France, c'est celui de la société, à travers un comité d'éthique. Ici, cela reste donc très encadré ; on pratique très rarement le diagnostic préimplantatoire, sauf pour certaines maladies graves comme l'hémophilie ou la mucoviscidose. Je trouve pour ma part que c'est extrêmement restrictif et qu'il serait bon d'avoir là-dessus une vision européenne. Alors, je vais être franc : si la loi m'y autorisait, j'aurais accepté de le faire parce qu'au fond, on est là pour protéger nos futurs enfants. En outre, je ne peux pas choisir à la place des parents. Ce qui est beau dans ce métier, c'est que l'on partage des tranches de vie.